« Le 12 décembre
1967, à l’occasion de l’action commune avec Ernst Fuchs et
Arnulf Rainer, Friedensreich Hundertwasser, entièrement nu, tient
pendant une demi-heure son discours Die Nacktrede für das Anrecht
auf die dritte Haut (Discours «dans le nu» pour le droit à la
troisième peau), debout entre deux jeunes femmes également nues,
dans la Galerie Richard P. Hartmann à Munich. Il déclare que
l’habitat correspond à la troisième peau de l’individu. Il
s’insurge contre les bâtiments qui sont le plus souvent identiques
et s’apparentent à des prisons (rectilignes, sans végétation)
car construits par des architectes qui privent l’individu de ses
libertés et nuisent à sa santé (maladie, suicide). Il veut que
l’homme se révolte contre cet enfermement, qu’il soit libre
d’imaginer son habitat et de le personnaliser. A l’issue de ce
discours, Ernst Fuchs et Arnulf Rainer réalisent devant l’assistance
une action spontanée sous la forme de peinture corporelle. Dans
l’esprit de liberté créative qui anime le Pintorarium, ils
peignent des lignes courbes délicates, fragiles, élégantes qui se
mêlent à d’autres nettement plus épaisses, plus énergiques,
plus vives sur le dos et les jambes des deux modèles féminins nus.
Le lendemain 13 décembre, Friedensreich Hundertwasser, à son tour,
mène son action planifiée Mädchenbemalung (Peinture sur jeune
fille), sans la présence du public. Il peint sur un modèle féminin
nu, contrairement à son habitude de peindre sur d’autres supports
(papier d’emballage, papier à dessin, papier pour fax, cartes
postales). »
Sylvie Freytag. Art et
politique en Autriche : l’impact des œuvres d’Alfred Hrdlicka,
de Friedenreich Hundertwasser, de Günter Brus et de Valie Export sur
l’Autriche de la Seconde République. Art et histoire de l’art.
Université de Strasbourg, 2017, p. 130, 131.
(Photo: Stefan Moses )
Friedensreich
Hundertwasser, Mädchenbemalung, München, 1967.
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