vendredi 7 février 2020

Giuseppe Desiato


Giuseppe Desiato. Performance, 1966.





Charlotte Moorman | Vexations


Le 17 juillet 1966, Charlotte Moorman interprète Vexations (une œuvre pour piano composée par Erik Satie en 1893.) assistée de Nam June Paik, Ludwig Gosewitz, Lissa Bauer, David, Llywelyn et Gerhard Rühm. Concert au Forum Theater de Berlin organisé par la Galerie René Block, de minuit à environ 18h, le morceau consistant à répéter 840 fois le même thème. Au cours de son deuxième passage au piano, Moorman a joué nue de la taille vers le haut. Interrogée plus tard par un journaliste, elle a répondu: "Satie aimait la nudité. Quand ils ont monté son ballet Relâche en 1925 à Paris, Marcel Duchamp a dû se déshabiller complètement. Paik croit que jouer Vexations de cette façon est dans l'esprit de Satie. Quand j'ai quitté New York, John Cage m'a parié que je ne le ferais pas. Maintenant, il me doit cent dollars. "


Charlotte Moorman reconstitue sa performance de Vexations d'Erik Satie
pour le magazine Der Spiegel, Cologne (6 juin 1966).
Photo : Ute Klophaus

Alejandro Jodorowsky | Melodrama Sacramental


Un des plus fameux happening à avoir été filmé dans les années 60 est Melodrama Sacramental avec Alejandro Jodorowsky invité au 2ème Festival de la Libre Expression, organisé par Jean-Jacques Lebel. Happening avec notamment Martine Barrat qui eût lieu au Centre Américain à Paris le 24 mai 1965, un événement de quatre heures filmé par Jean-Michel Humeau et monté par Luc Perrini. Alejandro Jodorowsky participant dit : « D’un sac caché près de son estomac, je sors quarante tortues vivantes que je jette au public. » (...) Tous les ingrédients employés dans le Mélodrame sacramentel furent jetés au public : costumes, haches, containers, animaux, pain, pièces d’automobile, etc. Grandes prises de bec entre les personnes présentes qui se battirent comme des oiseaux de proie pour récupérer les reliques. Il ne resta rien » (A. Jodorowsky, "Retransciption du Mélodrame sacramentel", in City Lights Journal, San Francisco, 1966). Fernanco Arrabal déclare : « La base du panique, c’est l’explosion de la raison. Nous avons prévu ce qui allait devenir une évidence pour la science d’aujourd’hui, que la raison explosait, qu’on était incapables d’expliquer les phénomènes qui nous entourent avec le seul domaine de la raison. » (Fernanco Arrabal, in La Constellation Jodorowsky, film documentaire de Michel Larouche).





Yoko Ono | Cut Piece


Yoko Ono, avec Cut Piece, se tient assise, immobile ( la pose traditionnelle d’une femme japonaise), sur la scène d’un théâtre, face au public. Elle invite les spectateurs, chacun à leur tour, à découper ses vêtements à l’aide d’une paire de ciseaux. La première performance de Yoko Ono, Cut Piece, a lieu le 20 juillet 1964 au Yamaichi Concert Hall, Kyoto (Japon). La deuxième à Tokyo en août 1964, au Shogetsu Art Centre. La troisième performance a été présentée au Carnegie Recital Hall à New York en mars 1965. Les quatrièmes et cinquièmes performances au «Destruction in Art Symposium  » à l'Africa Centre à Londres en septembre 1966. La sixième a lieu en 2003.
Charlotte Moorman reperforme la performance de Yoko Ono à plusieurs reprises, notamment en 1966 avec Nam June Paik (Galerie Aachen, Aachen, West Germany). Puis le 16 décembre 1967 (New York University, New York City). En 1982, Charlotte Moorman reperforme à l'ORF Television Studios in Linz, Austria, pour le Sky Art Conference/Ars Electronica. En 1988, Charlotte Moorman et Nam June Paik reperforme "Cut Piece" de Yoko Ono à la galerie Emily Harvey à New York.


Cut Piece / Yoko Ono, 1966, DIAS, Africa Centre, London  

Cut Piece / Yoko Ono, 1966, DIAS, Africa Centre, London  

Yoko Ono, "Cut Piece", Africa Centre, Londres, 1966. Photo : John Prosser.

Zero Jigen


Rituel de Zero Jigen - Buck Naked Ass World Ritual / Zenra Kentsukôkai gishiki / rituel de la matrice anale en nu intégral, dans le temple Kashima Jinja shrine, Tokyo 1964. Avec notamment Iwata Shin'ichi et Katô Yoshihiro.


Photo de Hirata Minoru qui montre une dormition sur les marches de l'escalier (Imomushi korokoro).

Ben Patterson | Lick Piece


Lick Piece est le titre d'une performance de Ben Patterson qui consiste à recouvrir de crème fouettée une femme nue puis à la lécher. Première performance effectué le 9 mai 1964, 359 Canal Street, New York, dans la boutique et lieu de performance Fluxus. Ben Patterson est né à Pittsburgh (USA) en 1934. Diplômé de musique en 1956 à l’Université de Michigan, il intègre, entre 1957 et 1959, plusieurs orchestres symphoniques au Canada, aux ÉtatsUnis et en Allemagne. En 1960 il s’installe à Cologne (Allemagne) et rencontre les compositeurs pionniers Stockhausen et John Cage. Inspiré par les compositions ouvertes au hasard de ce dernier, il devient alors l’un des principaux acteurs de la musique contemporaine radicale. Il co-organise ensuite avec le galeriste George Maciunas le premier Festival Fluxus de Wiesbaden en 1962. Il prend alors une part active dans Fluxus jusqu’au début des années 70.


"Tristan and Isolde" Lick Piece's variation. Royal Danish Academy of Fine Arts, Nov. 17, 1993.

Otto Muehl


Otto Muehl Aktionsphoto, 1963.



Jean-Jacques Lebel


En Février 1963, un happening de Jean-Jacques Lebel, Pour conjurer l'esprit de catastrophe II, à Boulogne, studio de cinéma. Promenade des collages vivants.





Christo


Le 27 janvier 1962, chez Yves et Rotraut Klein, au 14, rue CampagnePremière, à Paris, Christo empaquète Gil, un des modèles d'Yves Klein. « Une femme empaquetée dans du polyéthylène, puis attachée, est l'une des formes les plus exquises qu'un artiste puisse créer. » dit Jeanne-Claude dans le documentaire Christo and Jeanne-Claude (58 min, New York, 1995) de Michael Blackwood. Christo disait ne pas réaliser de happening lorsqu’il empaquetait une femme, mais une sculpture. L'empaquetage sera repris un peu plus tard par Otto Muehl mais cette fois avec l'esprit de la performance. Voir par exemple Materialaktion, Nr. 3 Klarsichtpackung , le 26 février 1964 [action matérielle n°3 : emballage transparent], et Materialaktion, Nr. 5, le 10 avril 1964.
La photo ci-dessous de Shunk-Kender (Harry Shunk et János Kender) provient de Fétiches & Fétichismes de Jean-Michel Ribettes, éditions blanches, 1999.



En mai 1963, Christo et Jeanne-Claude partent pour Londres et passent quelques week-ends chez Charles Wilp à Roland Gardens. Christo empaquète alors une femme, tandis que Wilp le filme. Ruth, le modèle, lui a été adressée par Anthony Haden-Guest, un ami de Charles à Londres. Comme pour les autres nus empaquetés, l’œuvre présentée à Londres perdure moins d'une heure.