Je vois une série d'organes
sexuels féminins d'une grandeur surnaturelle d'où coulent des
tripes et des vers vivants. À la fin, il en sort un embryon vert de
la grandeur d'un saint-bernard qui se retourne sur le dos avec une
délectation inouïe. Une mer d'une beauté merveilleuse, éclairée
par une sorte d'hyper-soleil. De profil, des monstres rayés qui se
frottent les uns contre les autres – quelque chose dans le genre
des requins, aux couleurs blanche, noire et orange. Ensuite, je les
vois en coupe, comme si quelqu'un découpait sous mes yeux d'énormes
saucissons de requins d'une beauté inexprimable. Des fourmiliers qui
tournent sur le derrière avec une rapidité vertigineuse. Des
échidnés – parmi eux un rongeur extrêmement mignon dans le genre
du sauteur blanc de la steppe, couvert d'une petite fourrure dont les
poils se divisent deux fois. Malgré la rapidité des transformations
je vois cela avec une précision microscopique.
Stanislaw Ignacy Witkiewicz, « Le
peyotl », Les Narcotiques (rédigé en 1929, publié en 1932)
Traduction : Gérard Conio,
Lausanne, L'Âge d'Homme, 1980, p. 71.
Conio signale que Witkiewicz
était « un adepte de la monadologie de Leibniz » (p.
318).
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire