jeudi 7 novembre 2019

Drogue et littérature | Stanislaw Ignacy Witkiewicz

Je vois une série d'organes sexuels féminins d'une grandeur surnaturelle d'où coulent des tripes et des vers vivants. À la fin, il en sort un embryon vert de la grandeur d'un saint-bernard qui se retourne sur le dos avec une délectation inouïe. Une mer d'une beauté merveilleuse, éclairée par une sorte d'hyper-soleil. De profil, des monstres rayés qui se frottent les uns contre les autres – quelque chose dans le genre des requins, aux couleurs blanche, noire et orange. Ensuite, je les vois en coupe, comme si quelqu'un découpait sous mes yeux d'énormes saucissons de requins d'une beauté inexprimable. Des fourmiliers qui tournent sur le derrière avec une rapidité vertigineuse. Des échidnés – parmi eux un rongeur extrêmement mignon dans le genre du sauteur blanc de la steppe, couvert d'une petite fourrure dont les poils se divisent deux fois. Malgré la rapidité des transformations je vois cela avec une précision microscopique.

Stanislaw Ignacy Witkiewicz, « Le peyotl », Les Narcotiques (rédigé en 1929, publié en 1932)
Traduction : Gérard Conio, Lausanne, L'Âge d'Homme, 1980, p. 71.
Conio signale que Witkiewicz était « un adepte de la monadologie de Leibniz » (p. 318).

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